Au cours de la dernière décennie on a assisté à la création des tous premiers incubateurs au Tchad. L’incapacité affiché de la fonction publique et des rares grandes entreprises à employer les jeunes a favorisé dès 2015, une floraison des incubateurs, motivés par un discours politique hautement sensible à la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes, vu désormais comme une stratégie de rattrapage. Les reformes fiscales qui exonèrent les jeunes entrepreneurs sur les secteurs prioritaires en 2020, les projets d’appuis à l’entrepreneuriat dans le cadre des programmes de coopération entre le Tchad et le système des nations unies, et la création des zones franches en 2023.
Chez les jeunes, pour la plupart en quête d’intégration socioprofessionnelle, il trouve en l’entrepreneuriat un véritable point d’entrée dans la vie active. La participation des jeunes aux activités en lien avec l’entrepreneuriat témoigne de cet intérêt manifeste.
En ce milieu, les gens veulent faire les choses « avec classe ». A l’esprit, ils ont le rêve d’être comme les géants de la Silicon Valley ou celui des célèbre self-made men comme Thione Niang ou encore Tony Elumelu. Il trouve les incubateurs, comme les structures catalytiques pour réaliser cette vision.
Les jeunes se rendent au sein des incubateurs généralement soit avec leurs idées de projets, soit un prototype. Leurs attentes sont généralement d’ordre « marketing et développement produits », « recherche de financement », et quelque rare fois la « structuration », pourtant perçu comme le plus grand challenge de tout entrepreneur qui rêve grand.
Au sein des incubateurs, les entrepreneurs en phase d’idéation bénéficient d’accompagnements groupés sous la forme de cours magistral sur les fondamentaux de l’entrepreneuriat. Les enseignements que reçoivent les entrepreneurs se font généralement sur des périodes relativement courtes et n’excédant guère 5 jours. Ces cours sont pour la plupart une invitation à l’action et ont conduit les jeunes entrepreneurs soit à une première tentative de rédaction de business plan sommaire, soit un prototype, soit une formalisation. L’aspect important de cette échelle de formation est l’incitation du jeune à entrepreneur à oser affronter avec assurance et méthodologie les prochains défis auxquels il peut faire face. Selon les domaines d’activités, les incubateurs peuvent faciliter ce processus en offrant soit leurs cours, les bureaux, ou encore labos.
Ceux qui dispose de prototype ou en phase de croissance, qu’ils aient précédemment bénéficié d’un accompagnement spécifique ou non, ont plus droit à des accompagnements personnalisés en lien avec la gestion financière et comptable, l’administration des affaires, la fiscalité et le développement produits. Quelques rares incubateurs comme Job Booster Chad Entreprise accompagnent les entrepreneurs à l’éligibilité bancaire. Il s’agit là d’une des attentes majeures des entrepreneurs mais, il se pose un défi tant du coté de l’offre en raison des compétences que cela exige que du coté de la demande qui ne satisfait pas les critères basiques de gouvernance susceptible de lui faciliter cet accès.
L’expérience de Job Booster Chad Entreprise en matière d’accompagnement à l’éligibilité bancaire à permis de constater que les entreprises manquent cruellement de culture de littératie informationnelle et comptable. Des efforts supplémentaires en ce sens sont attendus des entrepreneurs qui espèrent un jour lever des fonds, un pari n’est pas raisonnable et à la hauteur de cette génération d’entrepreneurs qui veulent réaliser le rêve tchadien d’une nation prospère ?
IBRAHIM KABO GARI
Business Coach en Comptabilité et Finance.